L'intersectionnalité appliquée aux stéréotypes sexistes

Nous savons que les stéréotypes sexuels sont omniprésents dans la société et qu’ils sont reproduits par chacun et chacune d’entre nous, souvent de façon inconsciente. Or, les études démontrent que la lutte aux stéréotypes sexuels est un aspect central de la lutte pour l’égalité entre les hommes et les femmes.

Une approche intersectionnelle de la lutte aux stéréotypes sexuels peut nous permettre d’aborder non seulement les stéréotypes généralement associés aux garçons et aux filles, mais également de sensibiliser aux stéréotypes qui sont associés à certaines catégories de femmes. Par exemple, on pense souvent que les femmes ou les filles handicapées n’ont pas de sexualité, ou qu’elles ne peuvent pas avoir ou s’occuper d’enfants à cause de leur handicap. Les femmes noires et les femmes asiatiques ont également des stéréotypes sexuels qui leur sont associés et qui accroissent l’objectivation dont elles font l’objet. Alors que les premières sont souvent comparées à des animaux (la tigresse, la panthère)[1], les secondes sont plutôt fétichisées, exotisées et sont associées à la docilité, spécifiquement sexuelle[2].

Certains se souviendront peut-être de la déclaration de Yann Moix, écrivain et réalisateur français qui affirmait être « incapable d’aimer une femme de 50 ans » et ne disait sortir « qu’avec des Asiatiques ». Si l’âgisme de cette déclaration a fait couler beaucoup d’encre (avec raison), le racisme de celle-ci a fait beaucoup moins réagir, preuve que ces stéréotypes sont encore largement intériorisés et banalisés.

Ainsi, avoir une analyse intersectionnelle des stéréotypes sexuels permet non seulement de remettre en question les fondements sexistes de ceux-ci, mais aussi de déconstruire plus en profondeur ces stéréotypes en exposant surtout le caractère raciste, capacitiste ou âgiste de certains stéréotypes sexuels. Une telle approche permet de déconstruire un plus grand nombre de stéréotypes et favorise l’égalité pour un plus grand nombre d’entre nous, en incluant les femmes qui sont plus marginalisées.

Références

[1] Patricia HILL COLLINS, La pensée féministe noire, Édition du Remue-ménage, 2016, p. 229 et suivantes.

[2] Pauline VERDUZIER, Le problème avec les hommes qui n’aiment que les femmes asiatiques, Slate.fr, https://www.slate.fr/story/172302/femmes-asiatiques-essentialisme-stereotypes-moix-colonisation-fetichisme.